Je t’écris de Rennes. C’est le dernier jour des Trans musicales 2018. Mon téléphone est posé à côté de moi. Je suis dans l’attente fébrile d’un message, peut-être hypothétique, qui me permettrait de revoir la fabuleuse création d’Aloïse Sauvage ! A vrai dire, j’ai déjà eu la chance d’assister à la première de ce spectacle, il y a seulement cinq jours, au Théâtre de L’Aire Libre à Saint Jacques de La Lande (*).
(*) Bref aparté : si tu habites du côté de Rennes, je te conseille vivement de fréquenter L’Aire Libre où il se passe plein de choses fort intéressantes tout au long de l’année.
La création d’Aloïse Sauvage m’a fait tellement de bien que j’ai follement envie de la revoir.
J’ai donc tout essayé pour avoir une place pour la dernière des cinq représentations transmusicaliennes (?) qui a lieu ce dimanche. Le problème (pour moi, pas pour elle !) c’est qu’entre temps, le bouche à oreille a fonctionné à plein régime et que la presse s’en est mêlée : France TV Info, Télérama, Le Monde, l’Express, … Et Les Inrocks en ont même fait l’un des 9 inoubliables de la 40ème édition des Trans ! (Tu peux accéder aux articles en cliquant sur le nom de chaque média.)
Et voilà, tout est complet, blindé, surbooké et les petites annonces réclamant désespérément des places s’accumulent sur les réseaux sociaux.
Aloïse, je t’en avais déjà parlé ici il y en un an tout pile (Tu as raté ça ? Clique donc ici pour te rattraper !).
Je l’avais vue sur la minuscule scène d’un bar rennais où elle était programmée dans le cadre des Bars en Trans. Tout était déjà en place : l’énergie communicative, les chansons coup de poing, la maitrise de la scène et la relation avec le public. Le reste ne demandait qu’un peu de temps pour éclore.
Quelques mois après, il y a eu une semaine de travail et d’accompagnement au Chantier des Francos à La Rochelle. C’est là, dans sa loge, juste après son concert de fin de session, que j’ai pu l’embarquer dans ma Machine À Remonter Les Tympans. Un délicieux moment filmé en juin dernier. Tu y trouveras beaucoup de rap et de Spotify, une pincée de Benjamin Biolay et une berceuse en guise de cerise sur le gâteau.
Bienvenue dans ma Machine À Remonter Les Tympans avec Aloïse Sauvage :
Et la voilà, quelques mois après, choisie par Jean-Louis Brossard, créateur et programmateur du festival rennais, pour être aux commandes de la traditionnelle création annuelle des Trans à l’Aire Libre. D’autres y sont passés avant elle, et non des moindres… Citons Stromae en 2010 ou Jeanne Added en 2014. Autant dire que le patron des Trans a du flair et se trompe rarement dans le choix des artistes à qui il confie les clés de cette résidence !
Pour Aloïse, cette création s’accompagne d’un joli lot de premières fois :
Premier concert avec deux musiciens aux claviers et à la batterie (elle chantait jusque là sur des bandes son), première fois en tête d’affiche (elle faisait jusque là des premières parties) et première série de concerts complets (les 5 dates rennaises étaient sold-out).
Parce que les journalistes ont parfaitement fait leur travail, je te laisse lire tranquillement leurs articles signalés plus haut. Ça te donnera une bonne idée de ce qui s’est passé sur le plateau moquetté de noir de l’Aire Libre.
Cette courte vidéo te permettra aussi de mieux visualiser la chose :
Je rajouterai simplement que pouvoir écrire sept chansons, choisir des musiciens et monter un spectacle de toutes pièces en seulement trois semaines, ce n’est pas donné à tout le monde… Quand, en plus, le résultat est époustouflant et propose une vision très nouvelle de la scène, entre chanson, hip-hop, danse et acrobaties, on sait qu’on a affaire à une artiste d’exception.
Les chansons écrites dans l’urgence touchent vraiment très juste.
Papa, Jimy, A l’horizontale, Alarmant sont des titres qui restent en mémoire longtemps après que les lumières se soient rallumées. Et j’avoue que j’ai vraiment hâte de pouvoir les réécouter sur le premier EP annoncé pour le printemps 2019.
Pendant une heure, ce sont des vagues ininterrompues d’émotions et de sincérité qui s’élancent de la scène et viennent submerger la salle.
Et Aloïse fait pareil, agrippée à son micro, suspendue à un fil. Elle se lance, elle tournoie et s’envole vers les sommets. Elle est à la fois puissante et sensible, fragile et belle, drôle et touchante. L’artiste nous rappelle que la vie et l’art ne tiennent qu’à un fil… mais que cela peut parfois conduire au sublime.
S’il fallait des références, je dirais qu’Aloïse Sauvage pourrait être la petite sœur de Stromae et de Chris(tine and the Queens). Elle partage avec eux la force de travail, la folle créativité, le génie de la scène et l’absolue modernité de ses propositions.
Mais elle a aussi une singularité marquée : c’est une circassienne, une danseuse et une comédienne déjà reconnue.
Côté cinéma, on a pu la voir dans 120 battements par minutes primé à Cannes et aux Césars et dans Cold War également primé à Cannes… Le hasard n’existe pas ! Elle figurait aussi au générique de Trépalium, une série en 6 épisodes diffusée sur Arte que j’ai beaucoup aimée. Mais ce n’est pas tout. On la retrouvera également fin janvier dans Les Fauves aux côtés de Lily-Rose Depp, Camille Cottin et Laurent Lafitte et plus tard dans Hors Normes, la prochaine comédie de Nakache et Toledano, avec Vincent Cassel et Reda Kateb… Rien de moins !
Avant de terminer, voici la chanson avec laquelle j’ai connu Aloïse Sauvage en octobre 2017, aux hasards du net et des réseaux sociaux :
Et puis cette interview de janvier 2018, où l’on voit sa force de caractère et son talent pour les mots : « Je continuerai à marcher même si ça ne marche pas ». Pas mal non ?
Épilogue : Dieu existe, ses initiales sont K.D.
Mon téléphone a bippé 30 minutes avant le début du concert. Il y avait une place pour moi. J’ai donc pu voir la dernière de la série de spectacles dimanche à L’Aire Libre après y avoir vu la première mercredi. La représentation était encore plus forte : la proposition a déjà gagné en sérénité et en émotion en 5 jours ! Et je sais que ça ne s’arrêtera pas là.
Une date parisienne vient tout juste d’être annoncée pour le 9 avril à La Gaité Lyrique.
2019 sera Sauvage ou ne sera pas !