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Catastrophe…

    Je t’ai déjà parlé de Catastrophe (ici).  C’est un des groupes les plus intelligents, les plus fous, les plus créatifs et les plus doués de sa génération. Cet article commencera donc par une injonction : va les voir sur scène dès que possible !

    Il te reste 3 possibilités pour 2019 : Poitiers, Ajaccio et Nantes (clique sur la ville qui te sied pour réserver). Précipite-toi car ce seront probablement les dernières dates de cette tournée !

    Mais la suite se prépare activement cette semaine à La Rochelle. Catastrophe y peaufine en effet son deuxième opus scénico-discographique au Chantier des Francos.

    Tout juste descendus du train, ils ont été accueillis par une grosse averse automnale dont seules les villes océaniques ont le secret. Sombre injustice, puisque je me souviens, qu’il y a quelques mois à peine, Catastrophe souhaitait quotidiennement la bienvenue en musique aux voyageurs arrivant en gare de La Rochelle.

    C‘était pendant les Francofolies, sous un beau soleil estival, et ça ressemblait à ça :

    Mais, en cette matinée du 11 novembre, c’est trempés de la tête aux pieds que je retrouve les six membres de Catastrophe. Tout juste arrivés au Chantier, ils sont en train de s’installer dans cette salle qu’ils connaissent bien.

    Pablo m’accueille à la porte, Blandine et Pierre sont en plein brainstorming et Bastien rejoint sa batterie… en caleçon ! Les cheveux mouillés et équipés de cafés réconfortants, Arthur et Carol se portent volontaires pour l’interview.

    La déjà légendaire Machine À Remonter les Tympans de devineoujesuis.fr nous sert d’entrée en matière.

    Philippe Katerine, Metallica et Francky Vincent nous accompagnent. La preuve en images qui bougent :

    Pendant que les cheveux sèchent, nous poursuivons notre conversation.

    Comment résumeriez-vous votre parcours depuis que vous êtes venus au Chantier il y a un an et demi ?

    Arthur : On a beaucoup appris au Chantier. Mais surtout on a eu du temps, le temps de s’essayer à la scène et de travailler un spectacle. C’est précisément au moment où on est venus ici que le live est devenu une chose très importante pour nous. Depuis, on essaie de se parfaire à l’art du live.

    Carol : Le Chantier a été une balise importante. Ça nous a permis de poser les bases de beaucoup de choses qui sont restées dans le spectacle qu’on a fait tourner après. Et maintenant, on arrive pour travailler autre chose. Ce sera une nouvelle balise.

    Pouvez-vous m’en dire plus sur cette « autre chose » que vous préparez ?

    Carol : On aime garder le secret… Mais on peut quand même dire que c’est une comédie musicale et que ce sera un spectacle et un disque qui parleront du temps.

    Arthur : Le temps avec tout ce qu’il a à nous offrir et aussi à nous prendre. On est partis d’une observation simple : nous six, membres du groupe Catastrophe, nous avons six façons différentes de penser le temps. Pierre ne dort presque pas parce qu’il a envie d’être maitre de son temps. Moi, j’aurais tendance à rire du temps et à essayer de créer de la détente. Carol est très observateur, il fait en sorte que chacun passe son temps de la façon la plus agréable possible. Blandine est plus inquiète face au temps qui passe et à ses urgences.

    Ce constat nous a inspiré et on a écrit des morceaux. On l’a fait de façon scénique : on ne s’est pas mis dans un studio mais sur scène, dans des espaces assez grands pour pouvoir travailler. D’une part, pour avoir un résultat organique car il est important pour nous de pouvoir offrir un disque plein de vie. D’autre part, pour que ça ressemble le plus possible à ce que l’on fera sur scène. C’est précisément pour ça qu’on vient ici : ce sera notre dernière répétition avant l’enregistrement de l’album. On vient faire des choix scéniques et des choix de composition.

    L’album et la scène sont donc pensés en même temps ?

    Carol : Oui. Le processus classique c’est d’enregistrer un album pensé piste par piste puis de le défendre sur scène. Nous, on a d’abord pensé quelque chose de scénique. Toutes nos idées sont venues de la scène et du sens. On aime commencer par penser le sens avant de penser la musique. Et puis, comme on a imaginé, répété, composé et arrangé ces morceaux tous ensemble, ça donne aussi quelque chose de très live. C’est cette couleur qu’on veut donner à l’album et ça nous permet aussi de prendre de l’avance sur le travail de la scène.

    Quelles sont les dates envisagées pour ce nouveau projet ?

    La date de la première du spectacle n’est pas encore tout à fait calée mais ce serait a priori en juin ou juillet. Et l’album sortirait en septembre.

    Comment fait-on pour créer, travailler et surtout décider dans un groupe constitué de 6 personnes ?

    Arthur : Je crois que la démocratie n’est pas importante dans notre travail. Ce n’est pas parce que 5 personnes prennent une décision qu’ils ont raison. En tout cas, dans la musique c’est comme ça ! Dans la vie aussi peut-être… Mais c’est cool quand même la démocratie !

    On travaille beaucoup. Ce qui nous permet d’expérimenter un maximum de choses. Parfois on prend des décisions qu’on modifie deux ou trois semaines plus tard. Récemment, un des titres de notre comédie musicale a disparu. On lui avait laissé le bénéfice du doute parce qu’il nous plaisait et que l’idée nous intéressait. Mais ça n’a pas pris. On prend toutes les décisions ensemble mais il y a aussi une septième personne qui s’appelle… Le temps ! On regarde la manière dont les idées vivent. Il y a des idées qui ont une espérance de vie courte.

    Carol : On a l’avantage de très bien se connaitre et d’avoir cerné nos domaines de compétences. Quand une idée ne tient pas, la personne qui l’a proposée ne s’y accroche pas et ça ne crée pas de conflit. On ne s’engueule jamais pour des questions de composition ou de propriété d’une idée. On se rend compte que quand une idée marche bien, elle subsiste. Elle est évidente. Personne ne se sent sûr de rien. On propose, on essaie et on se rend très vite compte si une idée est viable ou pas.

    Comment définiriez-vous votre projet et votre musique ?

    Carol et Arthur : Alors ça…. (Silence méditatif)

    Arthur : La démarche est toujours très circulaire. On fait de la musique mais on veut aussi faire de la scène et travailler tout ce qui se situe autour. On est très gourmands et on ne s’interdit rien ! Même notre style musical a plusieurs aspects : il va vers la soul, la musique urbaine américaine, voire des productions plus pointues. Mais il va aussi vers la chanson. Dans le spectacle, on va vers la musique par le théâtre et vers le théâtre par la musique.

    Carol : le théâtre ou autre chose d’ailleurs… On laisse les gens libres de définir ce qu’on fait. On aime bien ne pas se définir parce que ça nous laisse toutes les portes ouvertes. Si, demain, la meilleure manière de faire passer une idée qui nous intéresse c’est de proposer une installation d’art contemporain ou de faire une performance sportive et de s’entrainer pour la faire, on le fera ! Tout simplement parce que ce sera le meilleur médium pour faire passer notre idée.

    Évidemment, la musique est un langage commun.

    Elle nous permet de communiquer plus facilement entre nous et avec les gens. On n’a pas encore épuisé toutes les possibilités de la musique pour faire passer nos idées. Si demain, on a envie de faire une phase reggae dans un morceau, on le fera sans hésiter !

    On peut dire que Catastrophe est un projet pop. Je crois que ce mot suffit à le décrire !
    Pour terminer, pouvez-vous me dire comment vous vous êtes rencontrés ?

    Arthur : on s’est rencontrés autour de la volonté de faire. Pas forcément autour de la volonté de faire quelque chose de précis mais en tout cas, avec la volonté de faire. On était tous disponibles et on a tous des connexions entre nous, un peu comme un réseau de…

    Carol : … neurones !

    Arthur : voilà c’est ça : un réseau synaptique ! Moi, je connaissais Pierre depuis très longtemps. Pierre était avec Blandine. Carol faisait partie de beaucoup de groupes et on l’a souvent croisé à un moment donné. On s’est aussi beaucoup fixés autour du même humour, ça nous a aidés à nous mettre ensemble ! Bastien, lui, on l’a trouvé dans une ruelle…

    Carol : … et on lui a tendu la main !

    Arthur : Non, Bastien est tout simplement le meilleur ami d’une personne qui travaille chez notre label Tricatel. Quant à Pablo, il est connu sur la place de Paris comme étant le meilleur bassiste de…

    Carol : … du monde, voire des autres mondes !

    Arthur : … de Montreuil… Voire des autres mondes oui ! Car il a la capacité de pouvoir voyager dans des univers parallèles. On est très contents de l’aventure qu’on vit ensemble et de l’alchimie qu’il y a entre nous…

    Carol : … de la synergie. On a beaucoup de chance oui !

    Et voilà une belle conclusion pour cette conversation qui fut des plus délicieuses.

    Merci à Arthur et Carol pour leur disponibilité et à tous les membres de Catastrophe pour leur accueil ! Bravo aussi à Julie Morteau pour les superbes photos qui illustrent cet article.

    Avant de te quitter, sache que, si tu es rochelais et que tu as la chance d’être disponible ce jeudi en début d’après-midi, tu pourras assister à la sortie de résidence de Catastrophe prévue au Chantier.

    Si tu n’as pas cette chance, tu pourras te consoler en visionnant cette captation d’un des concerts de Catastrophe. C’était fin août à Rock en Seine :
    Tu pourras aussi regarder cette jolie vidéo qui raconte le projet de Classe Chanson auquel Catastrophe a participé l’année dernière à Marseille :
    Et écouter aussi le clip de la chanson née de ce projet :
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    1 commentaire pour “Catastrophe…”

    1. Très jolie interview de ce groupe très attachant et qui fait de l’excellente musique accompagnée d’une folie douce sur scène qui est bien rafraîchissante ! Vraiment hâte d’assister à leur sortie de résidence !

    Les commentaires sont fermés.