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Du Chantier aux Francofolies

    Il y a un mois à peine, le cœur des Francofolies 2022 battait au rythme des musiques que l’on aime : des concerts magnifiques, des artistes lumineux, un soleil sans faille et l’océan toujours à portée de vue. Notre idéal de vie en somme !

    On a vu autant de concerts qu’il était possible d’en voir, tout en regrettant de n’avoir toujours pas été doté du don d’ubiquité.

    On a aimé Orelsan, Clara Luciani et Mika sur la grande scène. Mais évidemment (tu commences à nous connaitre), on a passé la majorité de notre temps dans les petits lieux, sur les chemins de traverse et aux abords des scènes plus intimes. Les balades chantées nous ont ravi. Nous y avons retrouvé, nichés au cœur de jardins secrets du centre-ville, les artistes du Chantier des Francofolies 2022 qu’on a suivis depuis janvier. On y a vu, en version acoustique, les magnifiques Ladaniva, Château Forte, Lonny, Coline Rio, Yoa  et Zaho de Sagazan.  La scène située sous la grande roue fut également un  lieu de retrouvailles avec quelques (plus ou moins) ancien.nes du Chantier des Francos ainsi que d’autres beaux artistes  : Laura Cahen, Baptiste W. Hamon, Zinée, Les Louanges, Aime Simone, Maya Kamaty ou Antoine Wielemans.

    Et puis, il y avait les concerts tout confort des salles de La Coursive. Nous y avons retrouvé Mansfield Tya (probablement pour la dernière fois), Patrick Watson, Pierre Lapointe, Ours, La Maison Tellier, Florent Marchet, Emily Loizeau, Gwendoline, Coline Rio, Zaho de Sagazan, Kalika, Romane et Last Train.

    Au fil des 5 jours de festival, nous avons aussi pu interviewer 3 artistes que l’on aime énormément : Coline Rio, Kalika et Ours.

    Si leurs univers artistiques sont très différents, ils ont quand même un point commun : ils ont tous bénéficié du Chantier des Francofolies.

    Ours, programmé cette année au Grand Théâtre, a été accompagné en 2007. Coline Rio, venue au Chantier une première fois en 2017 au sein du groupe Inüit, était à nouveau présente cette année avec son projet solo. Et Kalika faisait son premier Chantier des Francofolies cette année.

    On en a donc profité pour leur poser quelques questions croisées sur leurs liens avec les Francofolies.

    Quand êtes-vous venu.es pour la première fois aux Francofolies ? Quel.s souvenir.s en gardez-vous ?

    Kalika : Je ne suis jamais venue aux Francofolies en tant que spectatrice. En réalité, je n’ai pas trop eu la culture des festivals et des concerts lorsque j’étais plus jeune. Dans la région d’Avignon d’où je viens, il n’y avait pas énormément d’évènements musicaux. La culture tournait plutôt autour du théâtre. Du coup, j’ai découvert cette ambiance-là assez récemment et surtout depuis que je monte moi-même sur scène pour chanter. Alors cette année, je suis à la fois artiste sur scène et festivalière pour la première fois !

    Coline Rio : Je n’avais jamais participé aux Francofolies en tant que spectatrice non plus. J’ai vraiment découvert le festival en venant y chanter pour la première fois il y a 5 ans, avec le groupe Inüit. C’était vraiment génial. J’avais pu rester toute la semaine, comme cette année, et j’avais découvert à la fois le lieu, qui est magnifique, et l’esprit de famille qui règne dans le festival. Et puis je garde aussi un grand souvenir du beau feu d’artifice du 14 juillet !

    Il y a une vraie convivialité entre artistes et beaucoup d’occasions de se rencontrer.

    En 2017, on avait joué dans la même salle que celle où je joue seule cette année ! Mais les choses sont quand même un peu différentes pour moi. Il y a 5 ans, on était en bande. C’était comme une expérience entre copains. Cette année, j’ai un peu plus de stress et de pression parce qu’il s’agit d’un projet que je porte toute seule. Mais j’ai passé un moment incroyable sur scène. Les sensations sont très différentes car je me livre totalement. Je suis contente d’avoir pu vivre tour à tour ces deux expériences.

    Ours : La première fois que je suis venu aux Francofolies, c’était moi aussi en tant que chanteur. Je n’y avais jamais participé avant ça.  Mon premier souvenir de spectateur, c’est le concert de Stromae le 14 juillet 2014, sur la grande scène. C’était mémorable et très fort. C’était la tournée de l’album Racine Carrée. La chanson Formidable était sortie peu de temps avant. Le festival avait même dû agrandir la jauge et pousser les capacités du site tellement il y avait de monde. Ce souvenir est énorme : la nuit était tombée, le feu d’artifice venait de se terminer, la Tour de la Lanterne s’allumait, avec un ciel impeccable et une brise parfaite. Tout était magique !

    J’ai une histoire particulière avec le festival parce que je suis un enfant du Chantier des Francos.

    Mon histoire artistique a vraiment commencé un matin de février 2007, quand je suis entré dans la salle du Chantier. Je me suis retrouvé avec plusieurs artistes que je ne connaissais pas. J’étais très fébrile car je n’avais fait que très peu de concerts. C’était quasiment la première fois que je prenais un train pour aller chanter mes chansons ailleurs que chez moi. Il y avait toute une symbolique. Au Chantier, j’ai beaucoup travaillé et j’ai rencontré des gens extraordinaires comme Émilie Yakich, qui dirige maintenant le festival. Ce premier matin de février au Chantier, j’ai aussi rencontré un duo qui s’appelait Scotch et Sofa et dont le merveilleux guitariste, Romain Preuss, est devenu un grand ami avec qui je collabore toujours pour l’écriture de mes chansons et qui m’accompagne aussi sur scène.

    Que reste-t-il aujourd’hui du travail fait au Chantier ?

    Kalika : Le Chantier m’a appris à m’apaiser. Quand quelque chose risque de me submerger, je pense à me reconnecter à ma respiration. Et je me dis que tout va bien se passer, que rien n’est grave et que cela ne sert à rien de se stresser. Je me sens beaucoup plus capable de gérer mon stress aujourd’hui.

    Déjà, le fait que l’équipe du Chantier me dise que ce que je faisais était intéressant m’a beaucoup rassurée.

    On m’a aussi donné des conseils pour durer dans le temps, par exemple en prenant davantage soin de moi-même. Je le fais maintenant bien plus qu’avant. Je travaille aussi davantage l’occupation de l’espace sur la scène en général. Mais c’est beaucoup plus difficile à faire dans un festival car les temps de concert sont réduits et les scènes sont souvent très grandes. Alors, il faut être beaucoup plus dans l’énergie pour arriver à accrocher les gens et j’y vais un peu plus à la baston ! Je fais plus attention lors de mes concerts en salle. Depuis le Chantier, je m’attache aussi plus à l’interprétation et à captiver les gens pour les faire rentrer dans mes textes. Je saute un peu moins partout !

    Ours : Le Chantier des Francofolies a été un accélérateur vraiment précieux pour moi et j’en suis très reconnaissant. Dans ce métier, on est tout le temps en train d’apprendre, mais il me reste plein de choses de mon passage au Chantier. Je pense notamment à la manière de se placer sur scène, de sentir la lumière, de prendre l’espace et d’être conscient de l’endroit où l’on se positionne et des déplacements que l’on faits.

    Il y aussi l’importance d’avoir une véritable connivence avec ses musiciens tout en veillant à ne pas exclure les spectateurs.

    C’est la nécessité d’être à la fois présent, ancré et dans le mouvement. Je me rappelle aussi qu’en 2009, 2 ans après mes sessions au Chantier, on m’a donné carte blanche pour créer un concert fêtant les 25 ans des Francofolies. On avait chanté des chansons ayant marqué les précédentes éditions du festival. C’était une grande chance.

    Coline Rio : Le Chantier m’a vraiment permis de gagner en profondeur en m’aidant à retourner à la base des choses. Le travail que j’y ai fait m’a par exemple permis de replonger dans mes textes et d’y aller à la recherche de l’essentiel. Je garde aussi en moi l’esprit familial et convivial qui se dégage du collectif d’artistes et de contributeurs du Chantier et des Francofolies. C’est très précieux.

    Que représentent les Francofolies pour vous ?

    Ours : C’est vraiment LE festival de la chanson française. Quand je pense aux Francofolies, je pense à Gainsbourg, Nougaro, Higelin et, bien sûr, à Jean-Louis Foulquier. Mais je pense aussi au fait que le festival s’adapte, qu’il s’est rapidement ouvert au rap et qu’il continue à explorer tous les styles de musique en y incluant aussi le métal ou l’électro.

    Kalika : J’avoue que c’est assez fou pour moi de déjà jouer aux Francos de La Rochelle et d’avoir cette opportunité en tout début de carrière. En plus, je ne joue même pas sur des scènes minuscules ! Je joue dans un théâtre en première partie de Terrenoire et aussi sur la plus grande scène du festival pour quelques chansons en intercale entre Julien Doré et Clara Luciani. C’est une belle chance et je pense que ça va me donner envie de rejouer sur des grosses scènes ! Ces débuts sont déjà très marquants pour moi.

    Coline Rio : Les Francofolies de La Rochelle, c’est un festival mythique. Il représente la chanson française. C’est un passage très important et unique, voire un passage obligé. Et je suis vraiment très honorée d’être là.

    Avez-vous eu le temps de voir d’autres concerts de la programmation du festival cette année ?

    Kalika : Oui ! J’ai pu voir Ichon qui est une vraie bête de scène. J’ai vu aussi Juliette Armanet, Angèle et Poupie que j’aime beaucoup. J’essaierai aussi de voir Oklou parce que c’est vraiment le genre de choses que j’écoute. Elle a des influences très pop mais aussi des effets très nouveaux qui me plaisent beaucoup. De manière générale, je n’aime pas les redites, j’ai besoin de nouveauté, de fraicheur et j’aime les artistes novateurs. J’ai malheureusement loupé Patrick Watson que j’aurais vraiment adoré voir.

    Ours : Malheureusement, je ne reste pas assez longtemps pour profiter à fond du festival cette année.

    Coline Rio : J’ai pu voir pas mal d’artistes ! Par exemple, Patrick Watson dont je suis très fan. Je n’ai fait que pleurer pendant son concert tellement j’étais émue. J’ai aussi vu Juliette Armanet, Angèle,  Emily Loizeau et Lonny. Et bien sûr Barbara Pravi dont je faisais la première partie. Et puis je vais soutenir les copains et copines du Chantier dès que je peux. Je viens par exemple de voir Zaho de Sagazan et Yoa, avec qui je fais des balades chantées.

    Voilà c’est terminé.

    Maintenant on vous laisse avec 3 de nos chansons préférées de ces 3 superbes artistes.

    Et on vous donne rendez-vous en 2023 ! D’abord en janvier pour la nouvelle cuvée du Chantier puis du 12 au 16 juillet pour la prochaine édition du festival.
    Coline Rio
    Ours
    Kalika

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